CENTRE CULTUREL ALFRED DOGBÉ

Lieu

Niamey,  Niger

Maîtres d’ouvrage :

Arènes Théâtre Niamey  et  Fundamental Luxembourg

Volume :

2 123 m3

Surface :

500 m2

Budget ht :

91 980 000 CFA

Durée :

2016 –

Photos :

Bohus

Textes :

Sofia Eliza Bouratsis, Steve Karier

Un lieu conçu comme un petit urbanisme

Le centre Alfred Dogbé est à la fois un centre socio-éducatif, un lieu de création et un lieu de vie. Afin que toutes les activités prévues puissent avoir lieu dans des conditions idéales, le projet architectural a été développé comme un petit urbanisme. Le centre serait alors une petite ville à échelle humaine : des espaces de tailles et fonctions diverses seront connectés tout en restant indépendants.

Le centre Alfred Dogbé comprend :

  • Le kiosque éphémère qui aura été installé sur le site en attendant la construction du centre : il gardera sa place sous le grand arbre Gao et près de l’entrée des publics et du personnel du centre (côté petite rue).
  • L’élément fondamental du projet : la salle de théâtre, ayant besoin de calme, a naturellement trouvé sa place à l’opposé du kiosque. Cette salle, une Black Box classique – car l’accueil et la diffusion des spectacles nationaux et internationaux nécessite une salle adaptée aux normes conventionnelles. Cette salle servira aussi aux répétitions.
  • La salle de théâtre sera entourée d’espaces de service qui vont simultanément jouer le rôle d’isolants sonores.
  • Un bâtiment construit le long de la salle de théâtre hébergera l’administration du centre qui comprend quatre bureaux.
  • Un logement est également prévu pour héberger des artistes étrangers de passage ou en résidence. Il sera superposé à l’un des espaces de service.
  • Les deux bâtiments qui se trouvent à gauche de l’entrée de la petite rue et en face du kiosque, seront les ateliers dédiés aux activités créatives et éducatives. Un joli creux entre ces deux bâtiments formera le « lieu de causeries » possibles entre les participants aux diverses activités.
  • La forme et la taille des bâtiments donneront le rythme des flux et des mouvements au sein du centre. Ainsi, chacun trouvera intuitivement son chemin et sa place dans le Centre Alfred Dogbé.

 

Texte: Sofia Eliza Bouratsis

 

 

 

 

Une petite histoire

Juin 2011. Je rencontre Alfred Dogbé, le directeur de la Compagnie Arène Théâtre. Il est venu au Fundamental Monodrama Festival pour y présenter « Tiens bon, Bonkano ! », spectacle écrit et mis en scène par lui-même. Il est accompagné par son comédien, Aboubacari Oumarou, dit Béto. Je découvre alors un philosophe riant et généreux, aussi nul en géographie qu’obstiné à se rendre à pied aux différents théâtres. Il a raté plus de la moitié des spectacles auxquels il était invité.

Décembre 2011. Je suis à Niamey pour donner un cours de perfectionnement de dix jours à des comédiens professionnels nigériens invités par Alfred. Nous travaillons au Centre pour Jeunes de Karadjié. La seule salle disponible étant trop petite, nous nous retrouvons sur le sable, sous un arbre et une tente de fortune. Je suis impressionné par les capacités physiques de mes collègues.

Printemps 2012.  Message de Béto : « Alfred vient de décéder ». Foudroyé par un cancer, il laisse derrière lui sa compagnie. J’appelle Béto. Étouffé, il peine à parler. Je l’encourage à assumer ses responsabilités d’adjoint d’Alfred, de reprendre la direction de la compagnie et de créer ses propres pièces. Comment écrire sans le maître ? Je lui propose de décrire la rencontre avec Alfred, à formuler le récit de leur chemin artistique et humain commun.

Juin 2012. Béto joue pour la première fois « Les Larmes du Coeur » au Festival, monté en dix jours par moi-même avec le soutien de Martin Engler.

Nous décidons d’allier nos deux associations et de réaliser un rêve : un centre culturel et socio-éducatif à la mémoire d’Alfred Dogbé, un domicile pour Arène Théâtre et son festival, Émergences.

Décembre 2015. Arène Théâtre et Fundamental achètent ensemble un terrain de 700 mètres carrés à Niamey, dans la Commune 5. Il y a deux arbres et beaucoup de sable. Rolf Hemke, collaborateur de notre festival, nous envoie les premières photos prises lors d’un stage donné à Niamey juste après l’achat du terrain.

Juin 2016. Béto arrive aux bureaux de Diane Heirend architectes & urbanistes accompagnés de Nana Kadidjatou. La salle de réunion est prête : en dix jours de travail intense, avec une petite équipe d’architectes de l’agence, dirigée par Diane et renforcée par Sofia Eliza Bouratsis, ils développeront une première esquisse du projet du Centre Alfred Dogbé.

Pour citer Béto : « Nous sommes debout, mon frère ! ».

 

Texte : Steve Karier